Le monde est Un.
Depuis le premier tiers du XIXe siècle, l’évolution des outils et des moyens de communication a rapproché les hommes, aboli les distances.
La libre circulation des hommes, des idées, des capitaux et des marchandises qui en ont résulté, ont dessiné un monde qui se trouve aujourd’hui, pour la première fois de son histoire, menacé de rupture, d’implosion, à court ou moyen terme.
Pourquoi ? Parce qu’il doit affronter, simultanément, une série de six problèmes qui méritent des solutions radicales et urgentes :
1- la mondialisation de la communication, des échanges commerciaux et de leurs conséquences rend obsolètes nos systèmes organisationnels, fondés sur les Etats-nations,
2- le capital asservit le travail, dissociant l'économie réelle de la finance, pour mieux nourrir la fortune de quelques-uns et les retraites de beaucoup,
3- la croissance, seule mécanique économique mise en œuvre globalement à ce jour, est une fuite en avant mortelle qui tient lieu, à tort, de progrès,
4- la croissance démographique, faite de moins de mortalité infantile et d'allongement de la vie, annonce, à trente ans, une population globale vieillissante et une urbanisation incontrôlable,
5- l'épuisement progressif des ressources non renouvelables (eau, pétrole, etc) promet , dans le même temps, une révision totale des objectifs et des moyens de nos économies,
6- les effets du cours actuel des choses supposent une nature appauvrie, exsangue ou simplement invivable, du fait de la pollution, du réchauffement climatique et autres dérèglements.
Chacune de ces six questions complexes interfère obligatoirement avec les autres. Aucune ne peut être traitée séparément, comme croient pouvoir le faire les spécialistes. Les réponses que nous devons leur apporter sont à leur conjonction. Pas ailleurs.
Elles ne relèvent donc pas de la (des) technique (s). Elles relèvent du politique.
Le politique agit en 3 dimensions dans le temps (au présent, à moyen et à long terme) et dans l'espace (chacun sur sa vie personnelle, sur sa/ses communauté/s, sur son pays, sur le monde). Ici encore, la complexité n’est pas une option, elle est nécessaire.Surtout si l'on considère, à juste titre, que chaque être vivant, chaque communauté, a sa propre vision du monde ; que celle-ci est aussi respectable que toutes les autres et que ce sont ainsi des milliards de visions du monde qui doivent être mises en relation et se retrouver sur quelques grands sujets.
Le monde est divers.
Le monde est Un et divers. C'est
une communauté de destins et, en même temps, une exhubérante richesse
de différences. Le monde est aujourd'hui inter-dépendant. Constitué de
nations, de peuples tout à la fois indépendants et indissolublement
liés les uns aux autres.
Vouloir changer le monde, c’est tenter de gérer cette complexité, faite d'unité et de diversité.
Il y a deux manières traditionnelles de penser le monde : celle qui cherche les ressemblances et celle qui cherche les différences.
Faut-il laisser la première option à ceux qui s’acharnent à “uniformiser“ ? Ou n’est-il pas souhaitable de chercher des points de rencontre, des points de convergence, de coopérations, d'union, de solidarités, pour faire face à notre destin commun ?
A l’inverse, faut-il laisser aux communautarismes, et autres nationalismes, toute liberté pour diviser, accentuer les différences, les points de divergence, le repli sur soi, l'ignorance ou le mépris des autres ? Non, bien sûr.
Il y a donc une troisième voie, à laquelle je crois : aujourd’hui, parce que nous sommes tous interdépendants, il est important de travailler aux convergences, tout en respectant les différences, la diversité.
Négliger cette double dimension, oublier de penser et d'agir “glocal“ -pas penser global et agir local (selon la formule célèbre d'Akio Morita, le fondateur de Sony), mais penser et agir glocal (néologisme pas très heureux phoniquement, j’en conviens :)-, c’est marcher sur une seule jambe.
L'enjeu de la prochaine présidentielle est de préparer la France à des mutations qui supposent une vision globale ET locale, une vision glocale. Indissociablement. Saurons-nous y répondre, sans perdre en chemin une partie de nous-mêmes ?
12 avril 2006 dans x Les textes fondateurs d'Imagine 2012 et 2050 | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (0)
12 mars 2006
Faire face aux migrations massives des 30 prochaines années
A l'horizon 2030, selon un rapport du programme ONU-Habitat, rendu public le 12 septembre dernier, à l'occasion du dernier sommet mondial, 3 milliards de personnes supplémentaires viendront rejoindre, dans les zones urbaines, les 3 milliards qui y vivent déjà.
Cela suppose, en 25 ans, la construction de 35 millions de logements par an, 96.000 par jour, 4.000 par heure.
Et le rapport prévient : “Si des ressources financières ne sont pas investies dans le développement des logements urbains, les 3 milliards de personnes qui nécessitent un logement d'ici 2030 vont tomber dans le piège de la pauvreté urbaine et vivront dans des conditions déplorables.“
Le plus probable, c'est que les sommes nécessaires au logement et, par conséquent, aux transports et à l'accueil social, sanitaire, scolaire, de ces milliards de personnes ne seront pas investies.
Que faire ? Laisser venir ces gens vers les villes en leur faisant miroiter, pour leur malheur, les beautés de la société de consommation et de la croissance, en prenant le risque de créer des hyper-ghettos, avec les conséquences que l'on connaît ? Ou changer de modèle sans tarder et ralentir, faute de stopper, l'exode vers les villes ?
Pour Action, Il est urgent de réunir une conférence internationale, sous l'égide l'ONU, pour prévoir :
1• une augmentation des prix agricoles à la production,
2• le développement d'activités in-situ, artisanales, industrielles, de service et de télé-travail, et toutes mesures susceptibles de favoriser le maintien dans les zones rurales d'une proportion importante des populations concernées.
3• l'adoption d'un plan mondial d'aménagement des territoires, prévoyant la création massive et le développement de villes nouvelles, de taille moyenne -500.000 à 2 millions d'habitants-, susceptibles de désengorger les grandes métropoles.
4• La construction de ces villes et de leurs infrastructures, financées avec l'aide de la communauté internationale, répondra à des normes environnementales et favorisera, par l'ampleur du marché ainsi créé, un développement rapide de filières de construction éco-compatibles.
12 mars 2006 dans Démographie et urbanisation | Lien permanent | Commentaires (4)
16 janvier 2006
Faire face aux dérèglements climatiques
De tout temps, l’homme a considéré la planète comme un réservoir infini d’espace et de ressources de tous ordres, utiles et corvéables pour son usage quotidien ou son développement : lumière, air, eau, minéraux, végétaux, animaux…
L’homme dépensait sans compter les richesses d’une nature généreuse et en rejetait les rebuts, sans souci des conséquences. Qu’importe, pendant des millénaires, la terre était plus abondante que l’homme, et celui-ci ne l’avait pas suffisamment colonisée pour peser sur son équilibre.
Avec l’avènement de l’ère industrielle, trois faits ont changé la donne :
1• la démographie mondiale a explosé,
2• l’exploitation des ressources naturelles, notamment minérales (charbon, puis pétrole), s’est brutalement accrue,
3• avec elles, les déchets de son activité et, notamment les rejets de gaz carbonique ont dramatiquement progressé.
Depuis le milieu du XIXe siècle, ces trois phénomènes n’ont fait que croître de manière quasi-exponentielle. Assez rapidement, vers le milieu du XXe siècle, l’homme a dû se rendre à l’évidence : la terre n’étant pas infinie, elle ne pourrait pas indéfiniment fournir les ressources minérales nécessaires à l’accroissement de l’activité de l’homme ; elle ne pourrait pas, non plus, recycler durablement, sans dommages, des rejets de gaz carboniques croissants et autres déchets.
Au cours des années 60 et 70, des études scientifiques, de plus en plus nombreuses, ont commencé à démontrer que les ravages de l’homme sur la planète n’étaient plus “digérés“ par elle :
• atteintes irréparables à la bio-diversité par la disparition, chaque année, de milliers d’espèces végétales ou animales ;
• raréfaction de l’eau dans certaines zones ;
• accroissement impressionnant des rejets de gaz à effet de serre, comme le dioxyde de carbone (CO2), le dioxyde d’azote (NO2), provoquant un réchauffement progressif mais constant de la planète ;
• changements climatiques perceptibles, accompagnés d’une croissance impressionnante des catastrophes naturelles (2.800 catastrophes naturelles répertoriées entre 1990 et 2000, contre 100 entre 1900 et 1910) ;
• phénomènes auxquels s’ajoute l’épuisement progressif annoncé du pétrole, aujourd’hui encore principale ressource minérale utilisée par l’homme et cause des rejets de gaz carbonique les plus nombreux.
Aujourd’hui les scientifiques s’accordent sur le fait qu’il y a bel et bien corrélation entre la hausse globale de la température et le rejet des gaz à effet de serre. La hausse de la température est estimée à 0.6° C depuis 1900, avec des conséquences que l’on peut déjà observer :
• Modification de la répartition des précipitations
• Fonte de la banquise
• Recul des glaciers de montagne
• Augmentation de la puissance et du nombre des cyclones
• Elévation du niveau des mers
Et ceci n’est qu’un début : l’augmentation de la température devrait se poursuivre, entre 1,5 et 7°C, à l’horizon 2100. Les modifications du climat, déjà sensibles depuis un siècle, devraient donc se radicaliser, si les tendances actuelles se prolongent, voire s’accroissent comme c’est le cas aujourd’hui, du fait de l’industrialisation croissante de nouvelles zones du monde.
Des études scientifiques prévoient un changement brutal du climat, avec des conséquences dramatiques, non seulement pour le monde animal ou végétal, mais pour l’humanité toute entière : baisse des rendements agricoles dans certaines parties du globe, élargissement des zones infestées par le paludisme ou le choléra, augmentation des inondations. Cela affectera bien évidemment l’économie mondiale, provoquera, entre autres, des flux migratoires massifs spontanés et incontrôlables (plus de 50 millions de personnes déplacées d'ici 2010, pour des raisons climatiques, selon l'ONU).
La communauté internationale s’est tardivement mobilisée. En 1988, sous l'impulsion de l'ONU, a été créé le GIEC (Groupe d'Experts Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat - en anglais, International Panel on Climate Change ou IPCC). Depuis, le GIEC, qui compte des centaines d'experts, issus des universités, des centres de recherche, a produit trois rapports, dont celui de 1995, qui établit “une influence discernable de l'activité humaine sur le climat“. C'est ce rapport qui a conduit au protocole de Kyoto, conclu en mars 1999 et aujourd'hui ratifié par 123 pays.
Le protocole de Kyoto est, comme le souligne Denys Gauer, ambassadeur à l'environnement au Quai d'Orsay, “révolutionnaire et insuffisant“. “Révolutionnaire“, parce qu'il marque la prise de conscience collective des effets de l'activité humaine sur le climat ; “insuffisant“, parce que son champ d'application est limité à la période 2008-2012, et que seuls les pays industrialisés, à l'exception notable des Etats-Unis, se sont engagés à limiter, modestement, leurs émissions de gaz à effet de serre.
Fin 2005 s’est réuni à Montréal une conférence des signataires du Traité, qui a examiné les suites à donner à Kyoto.
Même modestes, les objectifs que se sont donnés les pays industriels ne seront sans doute pas atteints. Le Canada s'était engagé à une réduction de 6% de ses émissions en 2012, comparées à celles de 1990 : en 2003, il affichait une hausse de 23% ; l'Union Européenne ne tiendra probablement pas ses engagements de 8% de diminution.
Nombre de pays émergeants, Inde et Chine en tête, considèrent que tout engagement de maîtrise de leurs rejets de gaz à effet de serre est une entrave à leur développement. Les Etats-Unis, plus gros pollueur mondial par pays et par habitant, refusent de ratifier Kyoto, tant que tous les pays, pays émergeants inclus, n'auront pas d'obligation de réduction de leurs émissions. A l’inverse de la position du gouvernement Bush, plusieurs dizaines d’Etats américains ont pris des engagements ambitieux de réduction de leurs émissions.
Face aux égoïsmes nationaux, aux enjeux économiques de chacun, au jeu irresponsable d’un système de marché seulement préoccupé par les prochains résultats trimestriels, tout reste donc à faire...
Mais quoi ? Bien sûr, un effort de recherche doit être consenti par les gouvernements et par le secteur privé pour développer rapidement des énergies propres, existantes ou à venir. C’est nécessaire, mais cela ne suffira pas.
Car, face à l’ampleur de la catastrophe annoncée, la solution ne peut être que concertée et mondiale, sous l’égide d’une autorité unique, contraignante.
Pour parvenir à cette réaction massive, une prise de conscience de chacun est nécessaire. Les actes du quotidien de chacun comptent (économies d'eau, déplacements limités au plus juste, consommation ramenée au strict nécessaire, etc) et influent sur tous. Ils doivent s'accompagner d'une action volontariste de prise en main de leur destin commun par les peuples. Pour conduire les gouvernements à agir vite. Ou par-delà les gouvernements, si cela doit hâter les choses.
La vie de chacun est en jeu, la vie des enfants de tous, plus encore.
Pour en savoir plus : Manicore, Protocole de Kyoto, Montréal 2005, Conférence des Nations Unies sur les changements climatiques
16 janvier 2006 dans Environnement | Lien permanent | Commentaires (10) | TrackBack (2)
08 janvier 2006
Pour un désarmement mondial
En 2004, l’ensemble des Etats du monde a dépensé 975 milliards de dollars (contre 879, en 2003) pour s’armer et entretenir ses forces armées (source Grip).
Les premiers dépensiers sont les Etats-Unis, avec 455 milliards de dollars (46% du total), suivis de l'Union Européenne, avec 211 milliards de dollars.
Troisième Etat dépensier derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni, la France a consacré, en 2004, 46,2 milliards de dollars à son budget militaire. La Chine, avec 35,4 milliards de dollars, cinquième dépensier derrière le Japon en 2004, est suspectée de dépenser, en réalité, 90 milliards de dollars en 2005. Les 15 pays les plus dépensiers dépensent 82% du total.
L’équipement et l’entretien des armées coûte aujourd'hui environ 20% des budgets nationaux et 3% du PIB mondial.
L’un des objectifs majeurs de toute gouvernance éclairée doit être la diminution drastique, puis l’abolition de ces dépenses, la suppression des armées et la reconversion de leurs budgets et de leurs moyens vers des objectifs civils.
C’est un objectif aujourd’hui parfaitement utopique. C’est pourtant le nôtre. Ce devrait être celui de tout gouvernement civilisé. Ce devrait être celui du prochain Président de la République, issu de l'élection 2007.
Mais comment les choses devraient, doivent, peuvent-elles, se passer ? Rêvons un peu. Ou préparons-nous.
Se préparer, c'est gérer, sur plusieurs génération, la reconversion des personnels des armées et des arsenaux. Se préparer, ce peut être militer, dès maintenant, pour que des groupes d'Etats, non susceptibles d'avoir à gérer des conflits armés entre eux, en Europe, mais également ailleurs, en Afrique, en Asie ou en Amérique Latine, par exemple, créent des forces militaires régionales mutualisées, assurant à chaque pays une défense partagée en cas d'agression extérieure.
L'Europe peut et doit donner l'exemple, en rapprochant puis en fusionnant, pour commencer, les armées françaises, allemandes, espagnoles, belges, néerlandaises, italiennes et britanniques. Substituer au concept de défense nationale celui de défense communautaire, outre le resserrement des liens entre les pays participants, permettra de substantielles économies d'échelle et amorcera le mouvement d'internationalisation des forces armées.
Objectif : réduire sensiblement (50% ?), sur une quinzaine d'années, pour chaque pays concerné, le coût des dépenses militaires, en recherche, en matériel et en hommes.
Dans un processus plus global et à plus long terme, première étape, évidemment nécessaire : l'émergence d’une autorité mondiale. A partir de là, les guerres entre Etats sont déclarées illégales et deviennent “impossibles“.
Et l’on peut enchaîner les étapes.
A l'horizon 2020 ou 2030, les forces armées de tous les pays sont placées sous commandement international unique.
Il faut une à deux bonnes années pour les évaluer. Entre temps, les armées ne recrutent plus ; mécaniquement, 3 à 4% des effectifs partent en retraite (ce sera le cas, chaque année suivante) ; enfin, les programmes d’investissements militaires sont stoppés, à l’exception des programmes destinés à armer les forces internationales. Les investissements à caractère de recherche sont reconvertis vers des priorités civiles.
Les forces armées restantes sont ensuite divisées en trois groupes :
1- Force Internationale de Maintien de l’Ordre
Chaque pays garde le contrôle de ses forces de police destinées à garantir la paix civile.
Toutefois, une Force Internationale de Maintien de l’Ordre est créée, avec des effectifs et des équipements provenant des armées nationales. Au fur et à mesure que ces effectifs partiront en retraite, cette force engagera ses propres effectifs.
Elle dispose d’antennes d’observation dans chaque pays, indépendantes des autorités locales.
Sa mission est le renforcement des unités locales ou nationales de maintien de l’ordre, en cas de désordres importants. Elle se substitue à elles en cas de guerres civiles, conflits entre pays, etc.
2- Force Internationale de Protection Civile
Elle est créée, avec :
• des effectifs et des équipements nationaux ou internationaux mutualisés,
• des effectifs en provenance d’un “Service Civil Citoyen Obligatoire“ (cf. rubrique Education), d’une durée de trois à six mois, auquel sont soumis tous les citoyens du monde, hommes et femmes,
• des effectifs et des équipements militaires reconvertis des armées nationales, notamment ceux du génie. Au fur et à mesure que ces effectifs partiront à la retraite, cette force engagera ses propres effectifs.
Ses missions : la réaction rapide, le sauvetage et l’assistance de victimes de catastrophes naturelles de grande ampleur (tremblements de terre, typhons, éruptions volcaniques, incendies de forêts, inondations, etc) ; l’encadrement et l'aide à la reconstruction après ces catastrophes.
3- Force Internationale de Désarmement
Elle gère 5 types d’opérations :
• désarmement des armées nationales
• désarmement des forces armées privées
• démantèlement des arsenaux publics et destruction ou neutralisation des stocks existants ; les personnels des industries d’armement sont reconvertis vers des activité civiles
• chasse aux arsenaux privés, caches d’armes, trafics d’armes, etc.
• répression des traffics illicites : destruction des plantations et des installations de traitement des stupéfiants, ainsi que démantèlement des réseaux de la drogue.
La mission de la Force Internationale de Désarmement doit durer environ une dizaine d’années. Elle a vocation à diminuer fortement, dans le temps, ses effectifs et son activité.
A l'horizon 2050, l'affaire est dans le sac : le budget militaire a été ramené à 0,5% du PIB mondial. Dormez bonnes gens. Optimiste, non ?
08 janvier 2006 dans Institutions globales | Lien permanent | Commentaires (14)
19 décembre 2005
Des origines et des principes de notre réflexion
Le chômage est, selon TNS Sofres, la première préoccupation des français (73%). Il devance un lot relativement groupé de préoccupations diverses (36 à 38%) : la santé, le pouvoir d’achat, les inégalités sociales, l’école, les retraites et l’environnement.
Nous avons la conviction que le progrès réel, celui qui assurera une existence meilleure aux générations futures, ne peut se limiter à solutionner exactement ces préoccupations, bien qu’elles soient toutes légitimes.
Autrement dit, le débat politique, fortement influencé par ce type d’études, ne s’attaque pas (ou seulement très partiellement) aux bons problèmes. Il privilégie le court-termisme et l’électoralisme à la vision de long terme.
Nous avons la conviction que l’action politique doit, dès aujourd’hui, s’orienter vers la recherche de solutions pour répondre à ces 6 questions :
1• la mondialisation de la communication, des échanges commerciaux et de leurs conséquences rend obsolètes nos systèmes organisationnels, fondés sur les Etats-nations,
2• le capital asservit le travail pour mieux enrichir la fortune de quelques-uns et les retraites de beaucoup, dissociant l'économie réelle de la finance,
3• la croissance, seule mécanique économique mise en œuvre globalement à ce jour, est une fuite en avant mortelle qui tient lieu, à tort, de progrès,
4• la croissance démographique, faite de moins de mortalité infantile et d'allongement de la vie, annonce, à trente ans, une population globale vieillissante et une urbanisation incontrôlable,
5• l'épuisement progressif des ressources non-renouvelables (eau, pétrole,
etc) promet, dans le même temps, une révision totale des objectifs et des moyens de nos économies,
6• les effets du cours actuel des choses supposent une nature appauvrie, exsangue ou simplement invivable, du fait de la pollution, du réchauffement climatique et autres dérèglements.
Notre ambition est d’inscrire ces questions dans le débat politique de 2007. Notre philosophie, nos analyses et nos propositions sont guidés par 5 principes-clé :
Penser à long terme
Notre réflexion a pour vocation de :
• réorganiser les priorités de la société pour l’avenir : transiter des “inquiétudes des Français“ définies par TNS aux “6 problèmes majeurs“ énumérés ci-dessus.
• privilégier le long terme sur le court terme, quitte à faire des sacrifices aujourd’hui. Privilégier le long terme signifiant remettre l’éducation et la recherche au cœur des priorités de l’action politique.
Penser globalement
Nos approches s’efforcent d’être globales, au sens “pluridisciplinaire“ : quel que soit le sujet, nous avons la conviction que les solutions qui sont bonnes pour l’ensemble ne sont pas des solutions liées à une compétence spécifique mais qui prennent en compte l’ensemble des expertises
Nos approches s’efforcent d’être globales, au sens “mondial“ : sur une planète mondialisée, les solutions dépassent les compétences des Etats-nations et seront internationales.
Penser efficacement
Les bonnes volontés pour rendre le monde meilleur ne manquent pas, mais se heurtent souvent à la machine administrative et aux corporatismes. Cela suppose une réorganisation des Institutions, tant françaises qu’internationales. Ce volet institutionnel est capital pour la réussite de toute entreprise ambitieuse pour les générations futures.
Penser pacifiquement
L’armement représente 20% du PIB de la planète. Alors que les politiques économiques se heurtent à des problèmes de financement, nous avons la conviction que l’utilisation d’une partie des budgets d’armement à des fins environnementales, sociales et humanitaires est non seulement possible, mais qu’elle est aussi la solution à une partie des problèmes économiques et d’emploi de nos sociétés.
Penser humainement
Nous inscrivons notre réflexion dans la continuité de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme et du Citoyen. Vouloir son application partout dans le monde est déjà un immense chantier.
De plus, les sociétés « occidentales » sont guidées par des principes qui favorisent l’individualisme et la fuite en avant dans la consommation et la croissance, ce qui pose deux problèmes :
• au niveau collectif, les problèmes liés à la recherche de croissance (environnement, aliénation des besoins des générations futures)
• au niveau individuel, biaiser la recherche du bonheur individuel en l’orientant vers la seule consommation.
Nous voulons donc former des citoyens plutôt que des consommateurs ; faire que l’altruisme soit la norme, plutôt que l’individualisme… En un mot : remettre “l’être“ au cœur de la société, plutôt que “l’avoir“.
19 décembre 2005 dans x Les textes fondateurs d'Imagine 2012 et 2050 | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
13 décembre 2005
Pour une gouvernance mondiale
Notre planète est confrontée à des problèmes sociaux, économiques, financiers, commerciaux, démographiques, environnementaux, auxquels des Etats agissant séparément sont dans l’incapacité de faire face. Au temps de l'indépendance a succédé celui de l'interdépendance.
Les institutions internationales existantes (ONU, FMI, OMC, Banque Mondiale, OMS, etc), animées par des philosophies, des principes et des objectifs différents, voire opposés, n’agissent pas en cohérence.
Pour résoudre des problèmes globaux, seule une réponse globale est pertinente.
Il est donc vital que l’humanité prenne conscience que, dans sa diversité, elle est interdépendante et forme une communauté de destin et d’intérêts unique. Il est vital qu’elle mette en place, sans tarder, un système d’institutions fortes, ayant l’autorité légale et politique nécessaires pour gérer les sujets d’intérêt commun.
Ce mouvement, pour être accepté par tous, doit s'accompagner d’un respect des cultures locales et d'une délocalisation des prises de décisions, destinée à permettre à tout individu de participer activement à la vie de sa communauté propre, comme à celle de la communauté humaine.
Les principes fondateurs d’une gouvernance mondiale existent. Ils sont contenus dans la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, adoptée par l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies, le 10 décembre 1948, dans sa résolution 217 A (III).
Quels seront les domaines de compétence d’un gouvernement mondial ?
1• L’environnement avec, pour objectifs principaux, la limitation de la production des gaz à effets de serre, la préservation des ressources naturelles, la protection de la biodiversité et de l'environnement,
2• Les forces armées et le maintien de l’ordre international, avec pour objectif un désarmement généralisé des Etats, des armées privées et la création d’une instance diplomatique d’arbitrage des conflits et d’une force de maintien de l’ordre international (voir article sur le désarmement mondial),
3• La sécurité civile, avec pour objectif la mutualisation des efforts des Etats,
4• Les finances, avec pour objectif d’encadrer et de réguler les flux de capitaux et les profits financiers,
5• L’économie et le commerce international, avec pour objectif de placer l’homme au centre de l’économie, de redistribuer équitablement les richesses, de tendre vers l’égalité de traitement entre les hommes, qu’elle que soit leur origine géographique ou sociale.
6• L’éducation, avec pour objectif la promotion de l’alphabétisation pour tous et l’enseignement de disciplines favorisant le développement d’une citoyenneté mondiale, humaniste et tolérante,
7• La Justice, avec pour objectif la simplification et l’unification des lois concernant les sujets d’intérêt commun
Que deviennent les Etats-nations dans ce contexte ?
Les Etats-nations constituent un cadre légal, un mode d'organisation politique et social, héritier d'une Histoire et d'une culture parfois millénaires. A ces titres, il est utile et légitime qu'ils subsistent. Mais il doivent aujourd'hui se refonder, reconsidérer le périmètre de leur intervention, en renonçant à une partie de leur souveraineté sur les sujets d’intérêt commun, au profit de l'autorité internationale . Celle-ci reçoit la capacité de légiférer, au nom de tous, sur ces sujets.
L’application locale des principes et des directives globales reste l’apanage des autorités locales (Etats, provinces), étant entendu que les décisions à impact local doivent être prises localement. A cet égard, chaque Etat devra prendre des mesures favorisant la démocratie participative.
13 décembre 2005 dans Institutions globales | Lien permanent | Commentaires (3) | TrackBack (0)
10 décembre 2005
Les mutations du capitalisme financier
Depuis près de trois siècles, le capitalisme a accompagné et favorisé le développement du monde occidental. Il a apporté dynamisme et progrès, sur les plans économiques, techniques, culturels, favorisé une meilleure répartition des richesses. Aucun autre système, à ce jour, n’a fait mieux.
Cette reconnaissance des “bienfaits“ du passé ne vaut pas blanc-seing pour le présent ou pour l’avenir.
Car le capitalisme a connu, depuis les années 1970, une mutation qui bouleverse sa nature : de facteur central de production de richesses jusque dans les années 1960, il est devenu son contraire. Le capitalisme entrepreneurial des décennies et des siècles passés est devenu strictement financier.
D’abord incarné par une poignée d’hommes, puis une classe très étroite (les 200 familles en France, les figures emblématiques mondialement connues de familles comme celles des Rockefeller ou des Rothschild…), le capitalisme a, peu à peu, dès le XIXe siècle, élargi sa base sociale : il s’est démocratisé avec l’émergence des classes moyennes, en Europe et en Amérique du Nord.
Aujourd’hui, sans compter plusieurs milliards de petits propriétaires individuels, possesseurs de “valeurs d’usage propre“ (domicile, terre ou outil de travail), la base du capitalisme compte 300 à 400 millions de personnes à travers le monde (soit environ 5% de la population mondiale, essentiellement américains, européens et japonais), possesseurs d’actions ou de créances financières (comme, par exemple, leurs cotisations, obligatoires ou volontaires, pour leur retraite future).
Ces centaines de millions de personnes ne gèrent pas leur patrimoine en direct. Elles en confient la gestion à des banques, des sicav, des compagnies d’assurance-vie, des caisses de retraites, des fonds de pension qui eux-mêmes emploient plusieurs dizaines de milliers de personnes (30, 40.000 peut-être), chargées de faire fructifier les fonds qui leur sont confiés.
Qui dirige ce système ? Qui en est responsable ? On le voit : personne en particulier.
Ce qui nous conduit à la première mutation du capitalisme des trente dernières années : aujourd’hui sans visage, le capitalisme financier est désincarné.
La seconde mutation du capitalisme résulte du progrès des communications et des bouleversements qui s’ensuivent : depuis la seconde guerre mondiale, les barrières douanières ont été progressivement abaissées, la circulation de l’information, des produits, des services et des flux financiers en a été facilitée.
Aujourd’hui, le capitalisme financier est sans frontières. Le rôle régulateur des Etats est tombé en désuétude.
La troisième mutation du capitalisme tient à son succès même. Plus puissant que les Etats-nations et les politiques nationales, qu’il s’applique à démanteler, aujourd'hui, le capitalisme financier est sans frein et sans contrôle : il gère des sommes colossales, dont le poids sans rival dessine les contours du monde d’aujourd’hui, sans souci de tel ou tel autre régime politique, à Paris, New York, Tokyo, Moscou, Pékin ou Delhi.
A fin 2003, la capitalisation boursière mondiale représentait plus de 31.000 milliards de dollars, soit 86% du PIB mondial de la même année (36.000 milliards de dollars).
Que font ces masses d’argent
considérables ? Elles sont investies, sous forme d’actions ou
d’obligations, dans les plus grandes entreprises. En contrepartie,
leurs gérants exigent une part croissante des profits générés par ces
entreprises. La norme est aujourd’hui un retour sur investissement de
15%. Ce seuil ne peut être atteint et maintenu par les entreprises que
de quatre manières complémentaires :
1• par un déséquilibre croissant,
dans la répartition des résultats de l’entreprise, entre travailleurs
et actionnaires, au profit de ces derniers
2• par la recherche constante de la productivité et de la croissance, à tout prix (concurrentiel, environnemental, social)
3• par la diminution constante des coûts (matières premières, transports, sous-traitance, travail) et, sa conséquence :
4• la délocalisation, c’est-à-dire la recherche frénétique, à travers le monde, du plus bas coût possible du travail.
Lorsqu’une entreprise ou un secteur a épuisé sa capacité à générer du profit pour ses actionnaires, ils sont aussitôt abandonnés pour un autre secteur, une autre entreprise qui subissent la même loi : augmentation des profits, au prix d’économies ruineuses pour les sous-traitants, puis pour les salariés destructrices d’emploi , coûteuses pour les communautés qui doivent compenser ou dédommager la perte des emplois et leur fuite vers d’autres cieux.
Aujourd’hui, le capitalisme financier est contre-productif et socialement nuisible, pour les populations occidentales qu’il exploite, comme pour celles des pays en développement qu’il sur-exploite.
Mais ce n’est pas tout. Non content d’être devenu contre-productif et nuisible pour les hommes, aujourd’hui, le capitalisme financier est nuisible pour l’environnement.
La course à la croissance, au profit immédiat entraîne l’exploitation massive, non régulée, des ressources non-renouvelables, pétrole et autres matières premières, forêts, eau. Cette exploitation du monde fini ne peut être infinie.
D’autant que les conséquences calamiteuses de cette exploitation sans frein commencent à apparaître aux yeux de tous : réduction de la bio-diversité par la disparition massive d’espèces animales et végétales, réchauffement de la planète et dérèglements climatiques. Aujourd’hui, le capitalisme financier met en danger la planète.
En bref, et pour souligner l'absurdité du système, les 31.000 milliards qui circulent sans cesse autour de la terre, pour payer nos retraites, commencent par nous mettre au chômage et finissent par ruiner l'environnement des générations futures !
Ce système peut-il se réformer? La réponse est clairement non. La recherche du profit immédiat étant sa seule vocation, le capitalisme ne peut y renoncer, sauf à se condamner lui-même. Aujourd’hui, le capitalisme financier ne peut pas s’auto-réguler.
Peut-il être régulé de l’extérieur ? Aucune bonne volonté, aucun Etat, aucun groupe d’Etats, n'est aujourd'hui assez puissant pour contrôler, réformer ou mettre un terme à ce flux et à cette logique. Aujourd’hui le capitalisme financier ne peut être contrôlé ou réformé que par plus fort que lui.
Que faire ? Il n’y a que quatre solutions :
1• soit le cours actuel des choses se poursuit et, à 40 ans, sans s’y être préparée, la terre sera un lieu invivable écologiquement, économiquement et socialement.
2• soit des malins, “terroristes“ ou autres, piratent durablement les serveurs et lignes informatiques qui rendent possible la circulation internationale du capital.
3• soit les peuples se révoltent simultanément pour refuser ce système.
4• soit les hommes se regroupent pour former un Etat universel, seul capable d’établir des règles de fonctionnement communes, orientées vers le bien-être de tous et la préservation du cadre de vie, réglementant drastiquement le profit, voire l'abolissant dans sa dimension financière et substituant au concept de croissance celui de progrès.
Notre préférence va évidemment à la quatrième solution. Mais saurons-nous faire l'économie des trois autres ?
10 décembre 2005 dans Capitalisme | Lien permanent | Commentaires (12) | TrackBack (0)
08 décembre 2005
Doit-on craindre le tout-numérique ?
Alors qu’une polémique fait rage actuellement aux Etats-Unis sur les théories de l’évolution selon Darwin et de la Création, selon la Bible, une nouvelle espèce humaine est en train de naître : l’Homo Numericus. Le terme n’est certes pas nouveau, mais il annonce un changement sans doute plus rapide que prévu :
• utilisation de la biométrie pour l’identification des personnes,
• implantation de puces électroniques dans le cerveau pour compenser des déficiences,
• démocratisation d’Internet, des téléphones mobiles et des services annexes,
• essor des transactions marchandes électroniques,
• développement de la domotique, des écoles virtuelles et du télétravail,
• délocalisation des données numériques et des logiciels.
Toutes ces innovations sont proposées dans le but louable de faciliter notre quotidien. A terme, le danger n’est pas que chacun puisse tout faire depuis chez soi, perdant ainsi toute vie sociale, mais que la biocybernétique soit inscrite au programme des cours de biologie (ou Sciences de la Vie et de la Terre, de nos jours).
Avec l’essor de l’intelligence artificielle et la miniaturisation des composants électroniques, le cerveau sera alors un mélange de neurones et de processeurs capables de résoudre des équations mathématiques très complexes sans l’aide d’un ordinateur.
Il est aussi possible d’imaginer que l’homme soit à même de se « connecter » à une base de données mondiale (Internet) et devienne, littéralement, une encyclopédie (numérique) vivante. Si, à cette hypothèse sur l’évolution de l’homme, la manipulation génétique est prise en compte, nous nous dirigeons vers un eugénisme total.
Propositions
• Toute recherche et mise sur le marché d’une nouvelle technologie devra résulter d’un débat et d’une validation par un organisme mondial d’éthique composé de scientifiques, juristes, citoyens, religieux, politiques et philosophes.
• L’activité numérique est régulée par un organisme mondial qui, autour d’une charte définissant les droits et les devoirs des e-citoyens, contrôle la liberté individuelle, assure la sécurité des transactions économiques, sanctionne tout usage abusif du réseau virtuel global.
• Chaque citoyen aura accès à un service numérique minimum par la mise en place d’un fond d’aide au développement numérique pour les pays pauvres.
08 décembre 2005 dans Croissance ou progrès ? | Lien permanent | Commentaires (2)
Déclaration Universelle des Droits de l'Homme
Adoptée par l´Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies, dans sa résolution 217 A (III) du 10 décembre 1948
Préambule
Considérant que la
reconnaissance de la dignité inhérente à tous les membres de la famille
humaine et de leurs droits égaux et inaliénables constitue le fondement
de la liberté, de la justice et de la paix dans le monde.
Considérant que la méconnaissance et le mépris des droits de l'homme ont conduit à des actes de barbarie qui révoltent la conscience de l'humanité et que l'avènement d'un monde où les êtres humains seront libres de parler et de croire, libérés de la terreur et de la misère, a été proclamé comme la plus haute aspiration de l'homme.
Considérant qu'il est essentiel que les droits de l'homme soient protégés par un régime de droit pour que l'homme ne soit pas contraint, en suprême recours, à la révolte contre la tyrannie et l'oppression.
Considérant qu'il est essentiel d'encourager le développement de relations amicales entre nations.
Considérant que dans la Charte les peuples des Nations Unies ont proclamé à nouveau leur foi dans les droits fondamentaux de l'homme, dans la dignité et la valeur de la personne humaine, dans l'égalité des droits des hommes et des femmes, et qu'ils se sont déclarés résolus à favoriser le progrès social et à instaurer de meilleures conditions de vie dans une liberté plus grande.
Considérant que les Etats Membres se sont engagés à assurer, en coopération avec l'Organisation des Nations Unies, le respect universel et effectif des droits de l'homme et des libertés fondamentales.
Considérant qu'une conception commune de ces droits et libertés est de la plus haute importance pour remplir pleinement cet engagement.
L'Assemblée Générale proclame la présente Déclaration Universelle des Droits de l'Homme comme l'idéal commun à atteindre par tous les peuples et toutes les nations afin que tous les individus et tous les organes de la société, ayant cette Déclaration constamment à l'esprit, s'efforcent, par l'enseignement et l'éducation, de développer le respect de ces droits et libertés et d'en assurer, par des mesures progressives d'ordre national et international, la reconnaissance et l'application universelles et effectives, tant parmi les populations des Etats Membres eux-mêmes que parmi celles des territoires placés sous leur juridiction.
Article premier
Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en
droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les
uns envers les autres dans un esprit de fraternité.
Article 2
1.Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés
proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune,
notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion,
d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou
sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation.
2.De plus, il ne sera fait aucune distinction fondée sur le statut politique, juridique ou international du pays ou du territoire dont une personne est ressortissante, que ce pays ou territoire soit indépendant, sous tutelle, non autonome ou soumis à une limitation quelconque de souveraineté.
Article 3
Tout individu a droit à la vie, à la liberté et à la sûreté de sa personne.
Article 4
Nul ne sera tenu en esclavage ni en servitude; l'esclavage et la traite des esclaves sont interdits sous toutes leurs formes.
Article 5
Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants.
Article 6
Chacun a le droit à la reconnaissance en tous lieux de sa personnalité juridique.
Article 7
Tous sont égaux devant la loi et ont droit sans distinction à une égale
protection de la loi. Tous ont droit à une protection égale contre
toute discrimination qui violerait la présente Déclaration et contre
toute provocation à une telle discrimination.
Article 8
Toute personne a droit à un recours effectif devant les juridictions
nationales compétentes contre les actes violant les droits fondamentaux
qui lui sont reconnus par la constitution ou par la loi.
Article 9
Nul ne peut être arbitrairement arrêté, détenu ou exilé.
Article 10
Toute personne a droit, en pleine égalité, à ce que sa cause soit
entendue équitablement et publiquement par un tribunal indépendant et
impartial, qui décidera, soit de ses droits et obligations, soit du
bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle.
Article 11
1. Toute personne accusée d'un acte délictueux est présumée innocente
jusqu'à ce que sa culpabilité ait été légalement établie au cours d'un
procès public où toutes les garanties nécessaires à sa défense lui
auront été assurées.
2. Nul ne sera condamné pour des actions ou omissions qui, au moment où elles ont été commises, ne constituaient pas un acte délictueux d'après le droit national ou international. De même, il ne sera infligé aucune peine plus forte que celle qui était applicable au moment où l'acte délictueux a été commis.
Article 12
Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa
famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son
honneur et à sa réputation. Toute personne a droit à la protection de
la loi contre de telles immixtions ou de telles atteintes.
Article 13
1. Toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l'intérieur d'un Etat.
2. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays.
Article 14
1. Devant la persécution, toute personne a le droit de chercher asile et de bénéficier de l'asile en d'autres pays.
2. Ce droit ne peut être invoqué dans le cas de poursuites réellement fondées sur un crime de droit commun ou sur des agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 15
1. Tout individu a droit à une nationalité.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa nationalité, ni du droit de changer de nationalité.
Article 16
1. A partir de l'âge nubile, l'homme et la femme, sans aucune
restriction quant à la race, la nationalité ou la religion, ont le
droit de se marier et de fonder une famille. Ils ont des droits égaux
au regard du mariage, durant le mariage et lors de sa dissolution.
2. Le mariage ne peut être conclu qu'avec le libre et plein consentement des futurs époux.
3. La famille est l'élément naturel et fondamental de la société et a droit à la protection de la société et de l'Etat.
Article 17
1. Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété.
2. Nul ne peut être arbitrairement privé de sa propriété.
Article 18
Toute personne a droit à la liberté de pensée, de conscience et de
religion ; ce droit implique la liberté de changer de religion ou de
conviction ainsi que la liberté de manifester sa religion ou sa
conviction seule ou en commun, tant en public qu'en privé, par
l'enseignement, les pratiques, le culte et l'accomplissement des rites.
Article 19
Tout individu a droit à la liberté d'opinion et d'expression, ce qui
implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de
chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de
frontières, les informations et les idées par quelque moyen
d'expression que ce soit.
Article 20
1. Toute personne a droit à la liberté de réunion et d'association pacifiques.
2. Nul ne peut être obligé de faire partie d'une association.
Article 21
1. Toute personne a le droit de prendre part à la direction des
affaires publiques de son pays, soit directement, soit par
l'intermédiaire de représentants librement choisis.
2. Toute personne a droit à accéder, dans des conditions d'égalité, aux fonctions publiques de son pays.
3. La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics ; cette volonté doit s'exprimer par des élections honnêtes qui doivent avoir lieu périodiquement, au suffrage universel égal et au vote secret ou suivant une procédure équivalente assurant la liberté du vote.
Article 22
Toute personne, en tant que membre de la société, a droit à la sécurité
sociale ; elle est fondée à obtenir la satisfaction des droits
économiques, sociaux et culturels indispensables à sa dignité et au
libre développement de sa personnalité, grâce à l'effort national et à
la coopération internationale, compte tenu de l'organisation et des
ressources de chaque pays.
Article 23
1. Toute personne a droit au travail, au libre choix de son travail, à
des conditions équitables et satisfaisantes de travail et à la
protection contre le chômage.
2. Tous ont droit, sans aucune discrimination, à un salaire égal pour un travail égal.
3. Quiconque travaille a droit à une rémunération équitable et satisfaisante lui assurant ainsi qu'à sa famille une existence conforme à la dignité humaine et complétée, s'il y a lieu, par tous autres moyens de protection sociale.
4. Toute personne a le droit de fonder avec d'autres des syndicats et de s'affilier à des syndicats pour la défense de ses intérêts.
Article 24
Toute personne a droit au repos et aux loisirs et notamment à une
limitation raisonnable de la durée du travail et à des congés payés
périodiques.
Article 25
1. Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa
santé, son bien-être et ceux de sa famille, notamment pour
l'alimentation, l'habillement, le logement, les soins médicaux ainsi
que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit à la sécurité
en cas de chômage, de maladie, d'invalidité, de veuvage, de vieillesse
ou dans les autres cas de perte de ses moyens de subsistance par suite
de circonstances indépendantes de sa volonté.
2. La maternité et l'enfance ont droit à une aide et à une assistance spéciales. Tous les enfants, qu'ils soient nés dans le mariage ou hors mariage, jouissent de la même protection sociale.
Article 26
1. Toute personne a droit à l'éducation. L'éducation doit être
gratuite, au moins en ce qui concerne l'enseignement élémentaire et
fondamental. L'enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement
technique et professionnel doit être généralisé ; l'accès aux études
supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de
leur mérite.
2. L'éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié entre toutes les nations et tous les groupes raciaux ou religieux, ainsi que le développement des activités des Nations Unies pour le maintien de la paix.
3. Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d'éducation à donner à leurs enfants.
Article 27
1. Toute personne a le droit de prendre part librement à la vie
culturelle de la communauté, de jouir des arts et de participer au
progrès scientifique et aux bienfaits qui en résultent.
2. Chacun a droit à la protection des intérêts moraux et matériels découlant de toute production scientifique, littéraire ou artistique dont il est l'auteur.
Article 28
Toute personne a droit à ce que règne, sur le plan social et sur le
plan international, un ordre tel que les droits et libertés énoncés
dans la présente Déclaration puissent y trouver plein effet.
Article 29
1. L'individu a des devoirs envers la communauté dans laquelle seul le
libre et plein développement de sa personnalité est possible.
2. Dans l'exercice de ses droits et dans la jouissance de ses libertés, chacun n'est soumis qu'aux limitations établies par la loi exclusivement en vue d'assurer la reconnaissance et le respect des droits et libertés d'autrui et afin de satisfaire aux justes exigences de la morale, de l'ordre public et du bien-être général dans une société démocratique.
3. Ces droits et libertés ne pourront, en aucun cas, s'exercer contrairement aux buts et aux principes des Nations Unies.
Article 30
Aucune disposition de la présente Déclaration ne peut être interprétée
comme impliquant pour un Etat, un groupement ou un individu un droit
quelconque de se livrer à une activité ou d'accomplir un acte visant à
la destruction des droits et libertés qui y sont énoncés.
08 décembre 2005 dans x Déclaration Universelle des Droits de l'Homme | Lien permanent | Commentaires (0)
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